samedi 22 juillet 2006

Le racisme en Angleterre

Comme dans n'importe quel endroit dans le monde, on retrouve malheureusement du racisme en Angleterre. On fait souvent des blagues racistes au travail, mais c'est de bonne guerre et on sait tous que ce ne sont que des blagues. Ce qui m'a inspiré ce sujet est un évènement un peu anodin qui s'est produit hier. Alors que nous sortions du bureau, Mike, un Nigérien qui doit faire 6'2" et 260 lbs était accoté sur une voiture en jasant avec un nouveau qui allait faire sa première journée avec nous. Dean lui dit: "Mike, get off that car, it's not a zebra" et on part tous à rire tandis que le nouveau nous traite tous de racistes (étant noir, il s'est senti interpellé aussi) avant de lancer tout le matériel qu'on lui a remis pour ensuite quitter rapidement en nous faisant l'honneur d'une pluie d'insultes!

Le problème en Angleterre est le même qu'à bien des endroits dans le monde, c'est à dire qu'on ne cherche pas à intégrer les minorités, mais plutôt à les installer dans un secteur où ils vivront ensemble sans venir nous déranger avec un peu de chance! Disons que c'est comme des dizaines de quartiers avec chacun leur nationalité, avec des gens qui ne cherchent pas trop à comprendre les différences et qui jugent rapidement. Comme au Québec, quand on va plus en campagne, on retrouve du racisme plus frappant et des gens qui vont jusqu'à insulter les indiens, pakistanais ou africains qui passent. L'intégration peut donc être un problème pour ces nouveaux arrivants qui ne sont pas blancs et des employeurs ont également des préjugés sur le statut légal de ces immigrants et vont parfois jusqu'à demander tellement de papiers que les personnes se découragent. En jasant avec eux, on se rend compte que leurs compétences ne sont pas reconnues ici (d'accord, on fait la même chose au Québec et c'est souvent mieux de s'assurer de leur compétence avant de leur permettre de pratiquer), qu'ils ont énormément de difficulté à s'intégrer dans la société et que trouver un emploi est un processus long et laborieux.

À ce sujet, je dois dire que mon petit guide SWAP qui m'avait été remis pour me donner des conseils pour trouver du travail et qui mentionnait que le temps moyen pour se trouver du boulot est de deux jours est assez loin de la réalité. En fait, on peut dénicher un emploi facilement, mais au salaire minimum et 10 à 20 heures par semaine, ce qui est loin d'être assez pour survivre! Les étrangers qui viennent du Canada, d'Australie, de Nouvelle-Zélande et même de France repartent souvent chez eux à cause d'un manque de fonds avec toute la difficulté de trouver du travail. Une de mes compatriotes qui est arrivée deux semaines après moi à Londres est toujours sans emploi malgré ses maintes applications et tentatives. Heureusement pour elle, son copain est déjà établi et a un emploi qui permet de payer la plupart des dépenses courantes, mais son compte de banque fond à vue d'oeil et elle n'a aucune idée du moment où elle verra la lumière au bout du tunnel. C'est le cas pour bien des étrangers que je rencontre, ce qui est assez triste! Tout ça pour dire que si trouver un travail est difficile pour nous, je n'ose même pas imaginer ce qu'ils vivent...

En fait, j'ai l'occasion de rencontrer beaucoup de gens qui se promènent pour trouver du travail et j'adore discuter avec eux de leurs démarches, regarder leur CV pour voir les différences avec le standard nord-américain et j'ai été choqué de trouver que bien des gens mettent fièrement sur la première page avec leur numéro de téléphone: Nationality: White British.

On a donc une ville fragmentée en différentes nationalités qui se retrouvent tous dans les mêmes quartiers, une campagne que je trouve assez radicale quant à son manque de tolérance pour les autres ethnies et bien des gens qui souffrent de ce manque d'intégration avec des conditions de vie assez difficiles et bien peu d'espoir de trouver un emploi assez payant pour faire vivre la petite famille! La situation des banlieues parisiennes n'est pas quelque chose qui est impensable ici, on retrouve les mêmes conditions de départ et il ne manque que la bougie d'allumage pour que le brasier s'enflamme. Avec un peu de chance, nous ne vivrons pas ça, mais je trouve ça triste de constater qu'un peuple qui avait étendu son empire sur tout le globe est devenu aussi raciste et intolérant...

The only thing I hate more than racism is niggers. Étrangement, c'est ma blague qui a le plus de succès ici!