lundi 4 décembre 2006

La saison des paris

Je vais y aller ici d'un petit billet sur la situation politique au Québec et au Canada pour faire changement de ce que j'ai fait jusqu'à présent. Après tout, je ne suis pas pour vous raconter ma vie, ce n'est pas tellement palpitant depuis mon retour et je vais donc écrire un peu plus sur les situations que je vois en étant ici en essayant d'y apporter un petit sens critique (je vais être un chialeux (râleur) incroyable quand j'atteindrai un âge plus avancé... ).

J'ai intitulé ce billet "La saison des paris" en faisant référence aux grands paris qu'ont pris les deux partis au niveau fédéral au Canada. En premier lieu, vous avez probablement entendu parler de la motion du parti conservateur de Stephen Harper de reconnaitre le Québec comme une nation à l'intérieur d'un Canada uni. Il s'agit d'une motion qui est à deux tranchants, ce qui explique probablement pourquoi les deux camps se sont mis à applaudir à tout rompre à l'annonce de ce pari de Harper. Le Québec se voyait alors finalement reconnu comme une nation distincte du reste du Canada alors que les fédéralistes y voyaient là une raison de moins pour les souverainistes de se plaindre de leur sort à l'intérieur du Canada puisqu'ils sont enfin reconnus comme une nation, une chose qu'ils réclamaient depuis longtemps. De l'autre côté, les souverainistes jubilent puisque même les fédéralistes avouent que le Québec forme une nation et nous pouvons nous douter que la prochaine étape logique serait pour le Québec de se doter de son propre État-nation, fondement du système international depuis le traité de Westphalie en 1648. Il est beaucoup trop tôt pour déterminer lequel des deux camps bénéficiera le plus de cette motion, mais les répercussions sont importantes et il s'agit d'un pari très audacieux de la part de Harper!

Pour le deuxième évènement d'actualité politique ici, nous avons l'élection de Stéphane Dion comme chef du Parti Libéral du Canada. Dion, lors de ses années comme ministre, a fait la promotion d'un Canada fort, uni et très centralisateur et s'inscrit parfaitement dans la lignée de Trudeau et de Chrétien, deux Québécois qui ont tout fait pour ne pas reconnaitre le Québec comme une nation (ce qui est amusant quand on considère mon premier point) et de traiter toutes les provinces sur le même pied d'égalité. On doit également à Dion la loi sur la clarté référendaire, une loi qui définit les paramètres d'un éventuel prochain référendum sur la souveraineté du Québec, bien que des points restent à éclaircir, comme celui de majorité claire qui n'est pas chiffrée. Toujours est-il qu'avec son élection, le PLC envoie un autre message clair: Dion est une police d'assurance contre un éventuel troisième référendum sur la souveraineté au Québec par ses politiques très centralisatrices ainsi que son côté fédéraliste très développé et acharné. Il est le champion de l'unité canadienne pour les membres du PLC alors qu'il est perçu comme un chef facile à attaquer par ses positions intransigeantes et son manque d'ouverture à un fédéralisme plus décentralisé...

Encore une fois, les membres du PLC ont fait tout un pari en élisant Stéphane Dion à leur tête. Les fédéralistes les plus endurcis se félicitent en se disant qu'il va tout faire pour caser le Québec et le remettre à sa place tandis que les souverainistes jubilent en se disant que c'est exactement cette intransigeance qui fera avancer leur cause, surtout lorsqu'on y joint la notion de nation québécoise. Honnêtement, je ne peux pas comprendre pourquoi les membres du PLC ont fait un pari si osé. Déjà que le premier ministre Charest (au Québec, lui aussi du parti libéral) ne le porte pas tellement dans son coeur, il est difficile de voir où il pourra aller chercher des appuis ailleurs que chez les fédéralistes les plus durs...

On dirait qu'en cette période de l'année, on se rend compte que nous n'avons pas tellement bougé depuis janvier dernier et qu'il est temps de dénouer l'impasse, quitte à prendre des risques assez grands pour que tout se mette à bouger. Le paysage politique québécois et canadien n'avait pas été aussi intéressant depuis longtemps, depuis 1995 en fait! J'ai très hâte de voir comment le tout va finir par se dérouler, mais je suis convaincu que la meilleure garantie contre le mouvement séparatiste au Québec reste Harper et non Dion!

1 Comments:

Blogger Caroline said...

Super intéressant. Bonne idée de retenir ce thème pour un billet. Pis sais-tu, quoi? Je pense comme toi: Harper est la meilleure garantie contre le mouvement séparatiste.

Comme tu dis, les paris sont osés -- surtout pour Dion, misère! -- et j'ai hâte de voir comment va finir Dion. Peut-être les gens l'ont-ils élu pour qu'il se casse la gueule et quitte la scène politique? :)

4/12/06 16:45  

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