Le procès

Travailler et faire affaire avec le gouvernement, on a toujours l'impression d'être pris dans un mauvais scénario à la Kafka et de devoir toujours se battre follement pour avoir des brides d'informations contradictoires. Autant tout est codé et rempli de procédures, autant celles-ci sont méconnues et peu respectées par les gens qui ne savent pas où les trouver. Les personnes fiables se font également assez rare. Si j'ai un conseil à vous donner, lorsqu'un fonctionnaire vous dit qu'il s'occupe de votre problème, ne le lâchez pas jusqu'à preuve du contraire puisqu'il y pensera probablement quelques minutes ou, si vous êtes très chanceux, en parlera à quelqu'un, mais ne daignera pas prendre de son précieux temps pour vous donner un coup de main tel qu'entendu.

En fait, c'est un peu le scénario devant lequel je me trouve. Certains individus (que je ne nommerai pas puisque c'est futile dans le contexte et je ne veux pas leur nuire au cas où quelqu'un un jour tomberait sur ce blogue et puisse les identifier) ont mentionné il y a quelques temps qu'ils m'aideraient à me trouver un emploi dans la boîte et qu'ils en parleraient pour voir qui aurait besoin de mes services. En réalité, je doute fort que quelque chose a été fait puisque je me suis retrouvé à deux semaines de la fin de mon stage devant une page blanche et beaucoup d'interrogations. Avec un petit suivi, je me suis rendu compte qu'effectivement, rien n'avait été fait et j'ai réussi à obtenir quelques noms de personnes à contacter.

La beauté au Gouvernement, c'est qu'il y a le canal formel par lequel presque personne rentre avec des concours assez limités au niveau du public et une tonne d'applicants et le canal informel où les gens font leur entrée par la porte d'en arrière en profitant de la flexibilité présente dans les mécanismes et les règles de l'organisme. Pour ces canaux informels, la joie est que personne ne sait vraiment qui prend les décisions, qui a les pouvoirs et qui a besoin de quelqu'un. Généralement, les secrétaires sont plus au courant de ce qui se passe que les gestionnaires, du moins en terme de mouvements de personnel et ça fait toujours un peu drôle de mentionner un poste qui serait vacant lorsqu'on s'entretient avec la personne pour se faire rétorquer qu'à leur connaissance, leur équipe est complète, mais qu'ils vont vérifier...

Une chance que j'ai un bon réseau à l'ACDI et que les gens ont beaucoup apprécié ma présence et mon travail (c'est ce qu'on me dit), ça me permet d'avoir des conseils de quelques personnes qui sont fiables et qui veulent vraiment m'aider en me donnant des noms de personnes qui ont une certaine influence et en faisant circuler mon CV dans leur sphère d'influence à eux... En réalité, c'est que la majorité des gens s'en foutent éperdument, on peut même se demander s'ils ont encore envie de travailler après des années passées dans des cubicules aux murs bruns décorés de vieilles photos et de calendriers avec les dates de paie et les congés fériés. C'est comique de voir comment un petit groupe tient l'Agence à bout de bras avec un travail acharné alors qu'un paquet d'autres ne font pas grand chose de leur journée, si ce n'est que de se balader, s'échanger des courriels personnels, lire et jaser avec les collègues!

Pour en revenir à ma recherche d'emploi, je ne sais pas trop ce que ça va donner. Je leur ai offert quelques options et il ne suffit que d'une personne qui aurait besoin de mes services pour que ça fonctionne. En attendant, je sors des listes d'emplois disponibles ailleurs et je m'amuse follement à me constituer des dossiers d'emplois pour des postes pour lesquels les candidats sont probablement déjà choisis, mais qu'ils doivent passer par un concours pour les confirmer. C'est notamment le cas d'un poste qui sera ouvert au public, pour une période de 48 heures seulement, pour permettre aux anciens étudiants de rentrer de façon permanente. Les CVs des gens sont parfois copiés et collés dans certaines offres d'emploi et c'est pourquoi vous retrouvez par moments des exigences ou des atouts qui ne font aucun sens avec le poste qui est offert.

Je commence à en avoir vraiment marre et le rapport de stage n'avance pas tellement non plus. J'ai un bon filon à exploiter, mes lectures sont faites, mais je crois que je vais profiter du beau temps en fin de semaine pour faire du vélo et me changer les idées, quitte à courir comme un malade dans deux semaines pour rédiger le tout.