dimanche 9 juillet 2006

Petit bilan, presque deux mois après mon arrivée!

Je constate ce matin que ça va faire deux mois mardi que je suis arrivé à Londres, je crois qu'un petit bilan s'impose pour synthétiser le tout et donner ma perspective actuelle sur la situation!

Tout d'abord, l'appartement! L'auberge de jeunesse, c'est super pour quelqu'un qui est de passage et qui veut rencontrer des gens, avoir du plaisir en étant sur le party et en prenant la vie à la légère (à la Claude Meunier dans les annonces de Pepsi), mais j'ai constaté dès ma première nuit que c'était pas exactement mon style de devoir toujours tout sécuriser mes choses, d'avoir peur de se faire voler, d'entendre les gens ronfler dans un dortoir, de se faire déranger quand quelqu'un arrive complètement saoul à 4 heures du matin et qu'il est incapable de faire deux pas sans s'enfarger dans les sacs à dos et valises de tout le monde et surtout, qu'auberge de jeunesse est synonyme de pub abordable, donc beaucoup, beaucoup de bruit aux petites heures du matin. Il fallait que je parte de là le plus rapidement possible, c'était ma mission!

La recherche d'un appartement à Londres est longue, frustrante et peut vraiment te rendre confus avec toutes les options, les différentes lignes de métro qui ne passent pas à la même fréquence, pas à la même vitesse, les différents tarifs dépendamment de la zone dans laquelle tu résides et où tu vas travailler, le quartier, la nationalité des gens (je ne suis pas raciste malgré toutes les blagues de très mauvais goût dont je suis capable, mais c'est un sentiment naturel lorsque l'on est à l'étranger de vouloir être avec des gens avec sensiblement la même culture que nous), l'appartement en tant que tel et les colocs. Les prix sont également un choc incroyable pour quelqu'un qui arrive avec des économies en dollars canadiens et on se rend compte assez rapidement qu'avec le coût de la vie ici, on est beaucoup mieux d'éviter les appartements qui demandent un dépôt de sécurité d'un mois, surtout quand on réalise que beaucoup d'emplois sont rénumérés sur une base mensuelle, ce qui veut dire qu'il faut payer deux mois de loyer à l'avance (un mois de sécurité et son premier mois) et payer toutes les autres dépenses courantes en attendant un autre mois avant d'avoir gagné sa première livre sterling!

J'ai visité quelques appartements avant de choisir celui-ci, j'ai beaucoup aimé un appartement sur la Northern Line, tout semblait excellent, sauf que c'était comme une très grande maison divisée en appartements. Par exemple, il y a un escalier central qui devait mener aux différents étages, un peu dans un style d'une grande maison de millionnaires, mais on avait installé des portes à chaque pallier, ce qui faisait que tu vivais comme en appartement à Montréal, très près de tes voisins. L'autre point faible était que les deux colocs étaient des geeks un peu finis, disons que ça ne donnait pas la meilleure base pour avoir du plaisir avec eux! Mais bon, ils avaient instauré un système d'entrevues qui a duré une semaine avant de choisir leur locataire et je n'ai pas été retenu (de toute façon, quand j'ai eu la réponse, j'avais déjà trouvé celui-ci). Si vous avez lu mon histoire depuis le début, vous vous rappelez bien évidemment de l'appartement avec la grosse indienne avec son appartement miteux comprenant deux lits simples qu'elle annonçait comme un grand lit double, ses couleurs pastels et un sens maternel un peu trop poussé à mon goût, ce qui faisait qu'elle voulait que je lui demande la permission avant d'inviter des gens à la maison. Désolé, mais à 800$ par mois, j'ai l'impression que je peux inviter pas mal qui je veux, quand je veux! Il y a aussi tous ces endroits où j'ai appelé et que personne n'a daigné me recontacter, ce qui doit être normal avec la quantité d'appels reçus!

Et puis, finalement, j'étais tombé un matin sur l'annonce de cet appartement sur www.gumtree.com qui est LE site le plus populaire pour trouver un logis ici. L'annonce vient juste d'être mise, elle est la deuxième de la journée et je prend tout de suite mon (cellulaire ici, ça n'existe pas, c'est mobile tout le temps), pour contacter le proprio pour arrenger une visite et il me dit que je peux aller voir ça la journée même, je m'arrenge pour être le premier à le visiter! Le proprio a un accent assez prononcé au téléphone, je ne suis pas trop habitué encore et il me donne les indications pour me rendre, ce que je comprend au quart environ et je m'assure d'avoir le bon # de porte. En gros, j'ai compris que quand je sortais de la station de métro, il y avait un embranchement, que je prenais une rue (dont j'ai eu le nom correctement) et que ça descendait pour ensuite remonter, que j'allais au bout et que j'allais tourner à droite sur une rue dont je n'avais rien pigé du nom et que c'était pour être à ma droite. Je saute donc dans le premier métro avec ma carte de Londres et j'essaie de jouer à la devinette pour savoir le nom des rues et l'emplacement approximatif de l'appartement! Évidemment, je suis en avance sur l'heure prévue et je décide de faire un petit tour du quartier à pied pour voir ça a l'air de quoi et je suis assez rassuré, c'est tranquile, les gens ont l'air gentils, il y a deux églises à proximité et de nombreuses familles qui sont dehors avec leurs jeunes enfants. Disons que ça faisait changement de l'appartement de l'indienne où il y avait des pawn shops, des restaurants qui servaient autrefois des mets pour emporter, mais qui étaient fermés et qu'il n'y avait pas d'épicerie à moins de 20 minutes de déplacement, mis à part quelques dépanneurs.

Mon appartement est donc bien situé, à proximité du métro, près du Tesco (l'épicerie où on trouve de tout et où le personnel est habillé de chemises carrotées bleues), il y a des petits restaurants, un marché de fruits et légumes et le voisinage est paisible. J'arrive à l'appartement, je constate que c'est une maison, tout simplement, et je sonne pour me faire accueillir par un gars avec un accent très, très, très prononcé qui est en boxers et en bédaine, qui se réveille et qui me montre la chambre, la cuisine, les salles de bain et qui me dit: bahh, regardes ça, moi j'vais me recoucher. Pas trop stressé pour le vol disons! Je pose d'abord des questions sur les autres colocs qui sont au travail, je me fais répondre que tous s'entendent à merveille, c'est la joie et que tout va bien. Je refais un tour de l'appart et j'appelle le proprio pour lui dire que je le prend et je lui demande quand je peux emménager et il me répond, à mon plus grand bonheur: ce soir!

Comme vous avez pu le constater, le premier mois et demi a été assez pénible au niveau de l'auberge de jeunesse / appartement, surtout avec les problèmes avec les colocs, puis les problèmes avec l'eau chaude et l'électricité. Maintenant, les trois fauteurs de trouble ont été mis à la porte, l'eau chaude est rétablie (malgré un problème avec la valve de basse pression de temps en temps, ce qui fait que l'on perd l'eau chaude le temps de remettre le système en marche, ça m'arrive une fois par semaine environ, généralement quand je suis entrain de me laver les cheveux!), les nouveaux colocs sont super et j'aime vraiment ça ici. C'est facilement accessible en autobus de nuit, donc pour ces partys qui durent un peu plus tard que prévu, ces spectacles qui s'éternisent et compagnie, j'ai un accès en 30 minutes de Trafalgar square, ce qui n'est pas négligeable!

Maintenant, l'emploi. Se trouver un emploi à Londres en arrivant est supposé être une partie de plaisir selon le petit guide de SWAP. En réalité, on se rend compte rapidement que ça ne marche pas comme ça, que la moyenne de deux jours pour se trouver un emploi est probablement quand tu connais quelqu'un qui veut te faire travailler au salaire minimum et que tu n'as pas vraiment les mêmes ressources qu'à Montréal en terme de connaissance linguistique pour l'élocution en entrevue, les centres d'emplois qui sont vraiment plus centralisés que locaux et les petites annonces dans les journaux et magazines qui se cherchent des gens avec 15 ans d'expérience dans le domaine bancaire pour être réceptionniste. Bref, c'est pas simple de se trouver un emploi qui a de l'allure et c'est pourquoi la majorité des gens finissent dans des pubs à 5 livres de l'heure (ce qui donne un gros 150 livres clair par semaine, soit juste assez pour survivre et qui te donne, selon ma situation actuelle, un équilibre budgétaire si tu ne paies pas de passe de métro, autrement, tu es en situation de déficit). Pour ma part, je cherchais quelque chose de plus stimulant que de me faire dire "a pint of Fosters, mate" et qui pourrait travailler plus mon anglais et mettre en évidence ma propension pour la vente, le service à la clientèle et la négociation. Puis, je suis tombé sur l'annonce pour mon emploi dans la revue TNT qui est LA revue pour se trouver un emploi ici pour les étrangers, ça me semblait très louche et c'est pourquoi j'ai décidé d'y jeter un coup d'oeil quelques jours plus tard quand je suis retombé sur la même annonce sur des sites de recherche d'emploi.

L'entrevue s'est relativement bien passée, je ne passe pas de deuxième entrevue et je commence le lendemain, ça me semble être difficile, mais faisable, donc je ne me décourage pas! Le soir, il y a le gros party du vendredi au bureau et je rencontre cette bande de fous et c'est là que ça a cliqué, que j'ai compris que c'était plus qu'un simple travail routinier, que c'était vraiment une super belle gang avec qui j'aimerais être, surtout en constatant les sommes ridicules d'argent qu'ils faisaient... Je fais ma première semaine à Luton, c'est difficile, j'en arrache, mais je réussis à obtenir ma promotion au prix du sacrifice d'une semaine de salaire puisque mes revenus ont juste couvert le prix de mon kiosque, mais à partir de ce moment, je sais que je suis en bonne position et qu'il ne me reste qu'à apprendre les trucs du métier, ça va bien aller après ça! Les trois semaines qui suivent dans la rue sont pénibles, j'en arrache, c'est difficile et je connais qu'une bonne semaine sur trois. Je me dis qu'on retourne dans les kiosques et que je vais faire de l'argent à nouveau, que ça va se replacer. En faisant les calculs avec comme base mon premier kiosque à Luton et les ventes que j'ai faites et mon salaire actuel, j'aurais fait 500 à 600 livres en une semaine, ce qui n'est pas mal du tout.

Arrivé à Orpington, je décourage. C'est un endroit merdique peuplé de vieillards et de pauvres qui n'ont pas un rond à mettre sur le paintball, je vais perdre de l'argent... Mardi arrive, une fille a quitté à la station Victoria et il y a un poste vacant, je remporte le tournoi de roche-papier-ciseaux et je me dirige vers Victoria pour des jours meilleurs. En réalité, je fais du 6:30 am à 22:45 à tous les jours, avec une heure de transport pour aller et une heure pour revenir. Je suis épuisé, découragé, les gens n'arrêtent pas et je ne ferai pas beaucoup d'argent. Là, je me dis que je devrais tout lâcher ça et écouter les gens plus sages que moi, me trouver un emploi stable avec un salaire garanti, je regarde mes options et je me rend compte que c'est pas tellement plus reluisant... j'attend au dimanche.

Arrive dimanche, je jase avec Geeza, avec Tom et ils me disent de rester un peu, que ça va se replacer. Finalement, cette semaine, ça a cliqué. Je ne ferai pas des montagnes d'argent puisque c'est assez spécial comme endroit, mais mon kiosque est payé et je vais me faire un salaire d'environ 450 livres pour ma semaine, soit trois semaines au salaire minimum pour travailler 8-9 heures par jour, ce qui est fort raisonnable. Ça me donne les moyens de payer mes dépenses, de me faire un coussin au cas où ça n'irait pas super bien dans la rue dans les deux prochaines semaines et de pouvoir commencer à penser à rembourser mes cartes de crédit qui s'en viennent assez pleines! En plus, j'ai eu du plaisir comme jamais à travailler avec Tom, c'est un gars tout à fait incroyable qui m'aide beaucoup en me donnant des trucs, ça fait toute une différence!

Côté coeur, pas grand chose à dire... Et ce qu'il y a à dire ne se dira pas ici, il s'est déjà dit en privé. Ce que je ressent: la chanson The Great Below de Nine Inch Nails. Voilà.

Je ne m'ennuie pas trop de Montréal, je m'ennuie souvent de mes amis par contre. Au moins, la lumière arrive et mes parents viennent me voir, ça va être génial, Vandy arrive le 6 septembre, ça va être monstrueux et si quelqu'un d'autre veut venir me voir, j'offre un service d'accueil à l'aéroport et l'hébergement si le besoin s'en fait sentir!

Voilà, je dois penser à aller me préparer pour aller travailler, j'ai pas envie d'être en retard!

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Cela fait toujours plaisir de voir que tout va bien pour toi et que tu t'es bien adapté à ta nouvelle vie... :)

9/7/06 11:04  
Blogger Jean-François said...

Disons qu'on fait avec ce qu'on a et qu'on essaie d'en tirer le maximum. C'est une expérience très enrichissante sur tous les plans, sauf du côté monétaire et, malgré quelques périodes où je me demande ce que je fais ici et quand je m'ennuie, je n'ai pas de regrets d'avoir fait le saut.

Maintenant, je n'ai plus de doutes, je sais que je peux travailler à l'étranger, j'adore ça et c'est vraiment ce que je veux faire plus tard. Je ne sais vraiment pas où je vais aboutir, mais je sais que je vais réussir!

10/7/06 10:22  

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