lundi 10 juillet 2006

Quelques observations sur le paintball

Vu que ça fait presqu'un mois et demi que je vend des billets de paintball, je peux me permettre d'étaler ici quelques tendances que j'ai remarquées lors de mes expériences.

Premièrement, un gars avec une chemise ou un polo rose, ça n'achète pas de billets de paintball. Je ne sais pas si c'est fait dans le chandail, mais il n'y a absolument rien à faire pour qu'il daigne même s'arrêter pour regarder ce que tu as à lui offrir. Je me dis que c'est quand même étrange, qu'ils doivent porter d'autres couleurs de temps en temps et que je dois bien avoir vendu à un gars qui porte du rose à la maison, mais bon... Je continue à leur demander quand même, d'un coup que je puisse me tromper!

Les asiatiques sont les clients les plus difficiles. Ils regardent toujours, te posent 100 000 questions, vont reconfirmer avec toi plus tard, te demandent presque la marque de saucisses qui sont servies au BBQ pour ensuite te remercier et partir achaler d'autres magasins. J'ai vendu des billets à deux asiatiques dans tout le temps que j'ai été là et j'ai vu une autre personne réussir un tel exploit, ça relève presque du miracle. Ils adorent prendre leur temps, y réfléchir murement à la maison et de prendre la décision dans la semaine qui va venir, pas tellement le genre de clients qui est ciblé pour nous: les impulsifs! C'est donc possible de leur vendre, mais il faut être extrêmement calme, ne pas trop les brusquer, leur expliquer tout en détail comment ça va se passer et de leur dire tout bonnement de remplir le petit coupon et de nous demander si ça va être comptant, crédit, débit ou chèque. Autre constatation, on oublie généralement les blagues de mauvais goût avec eux.

Les lesbiennes adorent jouer au paintball. C'est un fait, quand on voit un couple de lesbiennes qui arrivent, c'est généralement la guerre pour savoir qui va pouvoir leur parler en premier et récolter cette vente un peu trop facile. On ne sait pas trop pourquoi, mais bon, elles adorent se déguiser en G.I. Jane et Lara Croft et se tirer dessus dans les bois... génial pour nous!

On oublie les gays. Il n'y a rien à faire avec ça. Je ne sais pas si c'est juste en Angleterre que c'est ainsi, mais je n'ai jamais eu connaissance d'une vente de billets de paintball à un couple gay. Le gay ici renvoie à une image assez forte, loin de l'homme un peu macho qui est désirée par la plupart des Anglais, surtout à l'extérieur de Londres. Nous pouvons donc jouer un peu avec ça pour brusquer certains qui veulent réaffirmer leur côté masculin et c'est également une bonne source de blagues à faire. "I don't want to play paintball, it hurts and I don't want to get bruises" - "That's okay, have a nice day and try not to step on your dress".

Les Indiens. Je n'ai pas eu beaucoup d'expérience avec les Indiens auparavant, mais en étant à Ilford, ils constituaient une bonne partie de la population avec les Durka Durka Mohammed Jihad et j'ai donc eu la chance immense d'observer leur réaction. Généralement, ils vont répondre à ton approche en faisant une grimace et en relevant leur main droite doucement. Souvent, ils n'ont jamais entendu parler de paintball et il faut donc leur expliquer ce que c'est, les mettre dans l'ambiance et tout, puis il faut leur faire penser aux enfants pour justifier leur présence ici, devant toi! Pas des clients faciles, mais lorsque tu fais bien ton travail, tu peux avoir un bon taux de succès quand même!

Les chavs. Rien à faire avec ça, ça se promène en cotton ouatté, en combinaisons de sport, mais se mouvoir représente un sport extrême pour eux, on oublie toute possibilité d'aventure. De plus, ils sont toujours sans le sou, ça ne sert à rien de perdre son temps avec eux. Quand j'en vois un qui s'arrête, c'est un peu brutal, mais la première question est "Hey, have you got 49 quid?", la réponse est généralement non et je leur souhaite une excellente journée.

Les mères. Dans tous les clients, les mères sont mes préférées. Lorsqu'elles ont deux minutes, on peut avoir une conversation intelligente, elles adorent leurs enfants, veulent qu'ils passent du bon temps et, si tu as bien réussi à devenir un ami à usage unique, pour reprendre le terme de Fight Club, elles vont acheter sans trop se poser de questions, mais tu dois quand même les avertir que leurs enfants sont des fous sur la gachette et que ça va leur coûter une fortune pour une journée...

Les gens en complet. S'il y a une catégorie difficile à classifier, c'est celle-là. Pour commencer, pas mal tout le monde au centre-ville est en complet, ce qui rend toute généralisation pas mal impossible... On retrouve le jeune qui vient de se dénicher un nouvel emploi et qui veut s'intégrer dans son nouveau milieu, le père de famille un peu désabusé qui n'aime pas son emploi et qui se dit qu'il lui reste que 15 ans avant d'avoir la paix et de prendre sa retraite, les gens qui sont tellement supérieurs qu'ils font toujours semblant de ne pas t'avoir vu ou entendu, malgré tous tes efforts, les gens actifs qui se cherchent une façon agréable de passer une fin de semaine et les autres bons clients: les évènements corporatifs. Pour cette dernière branche, c'est l'enfer pour faire une vente, mais le retour sur l'investissement est intéressant. Ils te racontent toujours qu'ils veulent un dépliant, une brochure, n'importe quoi pour montrer au patron (évidemment, le patron ne sort jamais de son bureau et c'est impossible que ce soit lui qui vienne te voir pour une idée d'activité). Ils ont énormément de difficulté avec le concept du: ici, maintenant, pas dans 2 mois quand vous aurez pris une décision, ils ne savent jamais combien de personnes pourraient être intéressées et tu as beau leur offrir la meilleure promotion, ils ne prendront jamais de décision par eux-mêmes. Par exemple, hier, Tom a offert à un gars: achètes 8 billets pour 49 livres et je te donne 96 billets gratuits et le gars a répondu: je ne peux pas prendre de décision, même s'ils en avaient parlé au bureau auparavant et qu'ils avaient au moins 20 personnes d'intéressées. Une fois sur 20 environ, tu vas revoir le gars en question ou son patron et il va venir t'achaler pour avoir un meilleur deal, même s'il arrive avec l'intention d'acheter, peu importe le prix! Par exemple, la semaine dernière, j'ai vendu des billets à une femme qui me revient en me disant qu'elle a l'argent de tout le monde, qu'ils veulent y aller et elle me demande si je ne peux pas faire quelque chose de mieux comme offre... madame, c'est tout ce que je peux faire! haha

À part ça, c'est assez varié et il est difficile d'établir des généralisations mis à part que quelqu'un qui porte des gougounes est assez peu susceptible de jouer au paintball, s'ils font plus de 300 livres aussi, s'ils ont un chandail de loup aussi (oui, c'est vraiment international).

De retour dans la rue pour deux semaines, je prend deux jours de congé pour régler toutes mes choses qui étaient demeurées en suspens lors des deux dernières, quitte à travailler une journée en fin de semaine!